L'ostéopathie est une approche thérapeutique non conventionnelle (médecine parallèle) qui repose sur l'idée que des manipulations manuelles du système musculo-squelettique et myofascial permettent de soulager certains troubles fonctionnels.
En France, le titre professionnel d'ostéopathe est reconnu, de même que celui de chiropracteur, par la loi du 4 mars 2002. L'usage de ce titre n'est toutefois pas réservé aux personnes exerçant la profession d'ostéopathe à titre exclusif mais est également ouvert aux personnels de santé remplissant les conditions ainsi qu'il a été confirmé par le Conseil d'État. Les décrets d'application relatifs aux conditions d'exercice de la profession sont toutefois distincts pour ces deux professions qui, par conséquent, n'obéissent pas aux mêmes règles.
Créée le 22 juin 1874 par le médecin américain Andrew Taylor Still (1828-1917), l'ostéopathie est fondée sur des techniques manuelles visant à la conservation ou la restauration de la mobilité des différentes structures de l'organisme. Méthode thérapeutique à visée préventive et curative, elle se base sur l'idée selon laquelle toute perte de mobilité naturelle des organes les uns par rapport aux autres apparaît au niveau des muscles, des tendons, des viscères, du crâne ou des enveloppes (fascia) et induit des dysfonctionnements.
Les ostéopathes considèrent que la remise en fonction de la mécanique corporelle peut entraîner une régulation de l'homéostasie . Les ostéopathes considèrent que la médecine conventionnelle est nécessaire pour toutes les atteintes de la structure même de l'organisme. Ils traitent plutôt les maladies fonctionnelles, éventuellement psychosomatiques, ne relevant pas de rééducation en kinésithérapie. Un ostéopathe peut travailler avec un patient atteint dans sa structure corporelle une fois celle-ci prise en charge par la médecine conventionnelle.
Principes fondateurs
L’ostéopathie est organisée autour de quatre principes de bases :
1.Chaque structure du corps a une fonction physiologique, chaque fonction entretient une certaine structure et la structure gouverne la fonction. Par exemple, le tube digestif est considéré comme structure, la digestion comme fonction et la forme (ondulations, villosités, microvillosités, etc.) de l’intestin permet sa fonction (digestion, rôle dans l’immunité et le système hormonal…). Le squelette, en tant que charpente osseuse, et sa musculature ont une grande importance, en tant que support des autres systèmes et organes dont la mobilité naturelle est nécessaire pour un bon fonctionnement durable des systèmes nerveux, musculaire, circulatoire, respiratoire, etc.
2.Concept d’unité et d’interrelations entre les différentes parties du corps : toutes les parties du corps sont reliées, par la vascularisation, le système nerveux, le tissu conjonctif, le système lymphatique et le système endocrinien, mais aussi de l’être humain dans sa globalité, rassemblant ses aspects physique, émotionnel, mental, intellectuel et spirituel. La conception ostéopathique du corps humain est une approche systémique, contrairement à la plupart des raisonnements médicaux qui sont de type analytique. L’ostéopathie postule une interrelation entre la structure et la fonction : un organe ne pourrait fonctionner correctement que si sa configuration tridimensionnelle est conforme à ce qu’elle devrait être, et inversement.
3.Principe d’auto-guérison : le corps dispose de nombreux systèmes de réparation, adaptation, défense ou compensation. Ce postulat d'Andrew Taylor Still, créateur de l’ostéopathie, est considéré comme peu scientifique par certains. L’ostéopathe ne ferait que stimuler les facultés d’auto-guérison chez le patient. Les ostéopathes fondent leur réflexion sur les conditions qui ont mis ces moyens en défaut, et tentent de lever l’obstacle.
4.Le rôle de l’artère : toute structure somatique non atteinte d’une lésion organique est capable de fonctionner normalement, pour peu que sa vascularisation soit correcte et que l’alimentation ait fourni des nutriments qualitativement et quantitativement suffisants. Cette dernière notion est remplacée par certains par une notion de synergie des trois premières méthodes même si elle est bien dans la philosophie d'origine de Still.
Histoire
La médecine ostéopathique, s'appuyant sur les bases anatomiques et physiologiques du corps, est apparue au XIXe siècle, sous l'impulsion d'Andrew Taylor Still. Celui-ci posa les premiers fondements d'un nouvel art diagnostique et thérapeutique consistant d'une part à examiner et traiter globalement un patient au lieu de traiter seulement sa maladie, d'autre part à tenter de conserver la santé de l'individu en évitant qu'il contracte des maladies.
La naissance de la médecine ostéopathique
L’ostéopathie fut fondée par A.T. Still. En automne 1874, pendant une épidémie, il guérit un enfant de la dysenterie puis dix-sept autres avec succès ; ce fut le premier traitement ostéopathique.
Le 22 juin 1874, il rompt définitivement avec la médecine traditionnelle qui n’a jamais vraiment répondu à ses espérances et expose ses théories et résultats sur l’ostéopathie. Il établit les grands principes de l’art ostéopathique : « Je lance au vent la bannière de l’Ostéopathie ! ». Il soigne avec ses mains, ce qui devient tout à fait inconvenant pour ses pairs.
En 1892, l’American School of Osteopathy est créée à Kirksville. Il s’agit du premier collège d’ostéopathie au monde. Il consacre la reconnaissance officielle de l’ostéopathie dans l’État du Missouri. Les étudiants qui y sont formés reçoivent le titre de D.0. graduate (docteur en ostéopathie) et non pas de M.D. (docteur en médecine). Still tenait, dès le départ, à faire la différence entre deux activités professionnelles totalement différentes.
De 1892 à 1900, l’ostéopathie s’étend dans tout le Sud des États-Unis.
De 1894 à 1900, se développe une opposition violente des instances médicales officielles[réf. nécessaire]. L’ostéopathie acquiert pourtant le droit d’exercice dans la plupart des États, comme profession paramédicale, sans possibilité de prescription de médicaments, mais avec le droit de pratiquer l’obstétrique et la chirurgie. Des collèges de médecine s’ouvrent un peu partout aux États-Unis.
Dès 1901, l'ostéopathie reçoit un soutien de choix en la personne de Mark Twain, ce qui lui valut de nombreuses critiques et tribunes hostiles dans le Times, soutien qui se renforça après la guérison de sa fille Jean de ses crises d'épilepsie et traitement de ses propres bronchites chroniques. Il pensait que l'opposition de la faculté de médecine envers l'ostéopathie était essentiellement un désir de monopole sur les soins de santé.
1905 est l’année de publication du rapport Flexner. La médecine traditionnelle toujours prédominante, fortement organisée et structurée face à la toute jeune médecine ostéopathique, par le biais de la puissante Association de médecine américaine (AMA), exerça une énorme pression sur les pouvoirs publics qui nommèrent alors la commission Flexner. Celle-ci obtint, après inspection des institutions médicales privées, la fermeture de nombreux collèges et empêcha la création de ceux en cours de constitution. L’opinion publique en fut tellement scandalisée que des pétitions au niveau national obligèrent le président Theodore Roosevelt, dont la famille était traitée par ostéopathie, à autoriser l’ouverture de ces collèges en cours de constitution.
Le premier État à légitimer l’ostéopathie fut le Vermont en 1896. Il faudra près de 100 ans pour que la Californie, dernier État de l’Union, obtienne ce même droit par une lutte opiniâtre en 1974. Viola Fryman, à la tête d’une poignée de vieux ostéopathes, en dernier recours auprès du Juge du Tribunal suprême des États-Unis, obtient le droit de créer le College of osteopathic medicine of the Pacific à Pomona. La profession d’ostéopathe désormais reconnue, obtient en 1969 les droits et privilèges médicaux et chirurgicaux. Viola Frymann fut condamnée par deux fois (1992 et 2000) par ses pairs et par la justice pour incompétence et mise en danger d’autrui
Naissance du concept crânien dans le domaine de l'ostéopathie
William Garner Sutherland était étudiant à Kirksville à la fin du XIXe siècle. En observant les sutures des os du crâne, il fut frappé par leur agencement : "Alors que je restais à contempler, tout en pensant, inspiré par la philosophie du Dr Still, mon attention fut attirée par les biseaux des surfaces articulaires de l'os sphénoïde. J'eus soudain cette pensée - comme une pensée guide - biseautées, comme les ouIes du poisson, indiquant une mobilité pour un mécanisme respiratoire." Il engage dès lors des recherches afin de prouver l'invalidité d'une telle idée. Son étude de l'anatomie des os du crâne et les essais qu'il pratique sur lui-même le convainquent peu à peu de l'intérêt de cette hypothèse.
En 1939, il publie le résultat de ses recherches dans The cranial bowl (La boule crânienne), accueilli avec indifférence ou scepticisme. Un grand soutien lui est toutefois apporté par le Dr Kimberley[réf. nécessaire], un neurochirurgien américain. Son élève, Harold Magoun, poursuivit son œuvre et publia en 1951 Osteopathy in the cranial field (Ostéopathie dans le champ crânien), le livre de référence de l'ostéopathie crânienne.
Développement de l'ostéopathie en Europe
Le britannique John Martin Littlejohn séjourne longtemps à Chicago et reçoit l'enseignement direct de Still. Avec l'accord reçu de celui-ci de son vivant, Littlejohn crée la British School of Osteopathy (en) à Londres en 1917.
Elle restera la seule école anglaise jusqu'à la naissance de l'Osteopathic Institute of Applied Techniques à Maidstone, créé par John Werhnam, élève auto-proclamé de John Martin Littlejohn.
L'École française d'ostéopathie est créée en 1957 sous la direction de Paul Geny avec l'aide de Thomas G. Dummer, un ostéopathe anglais. Elle délivre un enseignement privé pour médecins et kinésithérapeutes. Le même enseignement est accordé aux médecins et aux kinésithérapeutes, ce qui va à l'encontre de la volonté du Conseil de l'Ordre des médecins français. Le conseil de l'ordre ne laissera pas faire et oblige l'expatriation de l'École française d'ostéopathie en Angleterre où elle devient l'École européenne d'ostéopathie de Maidstone en 1960 et délivre un diplôme non reconnu par les instances ostéopathiques en Grande-Bretagne. Elle est aujourd'hui totalement officielle et reconnue.
En 1973, la Société internationale d'ostéopathie, siégeant à Genève et fondée par d'anciens kinésithérapeutes sans formation ostéopathique validée, recommande des normes d'enseignement de l'ostéopathie de type universitaire en trois cycles totalisant cinq mille heures de cours en six années après le diplôme de l'enseignement secondaire pour déboucher sur une profession compétente en matière de prévention et de conservation de la santé, suivant les recommandations de l'OMS.
PS : Ce texte est issu de Wikipédia